29 juillet 2015

Les plus beaux vers de la poésie française

GIOVANNI DOTOLI, Les plus beaux vers de la poésie française, Paris, Alain Baudry & Cie, 2012


Cher Monsieur Dotoli,

Vous ne me connaissez pas mais, je vous l’affirme, nous avons un immense point commun. Nous sommes tous deux des amoureux de la poésie française. Cela fait quelques années déjà que j’ai le plaisir de feuilleter votre recueil des plus beaux vers et je dois dire que vous les avez choisis avec goût. Néanmoins, je me prends la liberté de vous envoyer ce courrier car je crois qu’il y a matière à peaufiner votre ouvrage. En effet, il y a un auteur qu’il serait bon d’ajouter : moi-même. Sans vouloir me lancer des fleurs (du mal), je pense mériter ma place parmi les plus grands. Voici notamment l’un de mes meilleurs textes en alexandrins.

"Ô, chère poésie

Oui, je me permets une toute petite parenthèse afin d’apporter une précision, avant de commencer. Avec "chère poésie", je ne veux pas dire "chère" pécuniairement, bien entendu, mais sentimentalement. Pour ce qui est de l’aspect financier, il existe de nombreux petits recueils à des prix fort abordables. De toutes les tailles, chez tous les éditeurs, il y en a vraiment pour tous les goûts et pour toutes les bourses (dont votre bel ouvrage), ce qui ne manquera pas de ravir tous les amateurs de belles lettres.

"Ô, chère poésie

Attention, ceci n’est pas la suite, hein. Simplement, comme j’ai fait une petite digression, je préfère reprendre depuis le début pour ne pas briser le rythme du poème. La musicalité des vers reste ainsi intacte, la richesse de la poésie s’exprimant idéalement lorsqu’elle est lue d’une traite.

"Ô, chère poésie aux strophes cristallines
Toi qui as soigné les blessures de mon cœur

Naturellement, il s’agit ici d’une image romantique. J’ai bel et bien eu un petit souci cardiaque il y a quelques années mais ce n’est pas la poésie qui l’a guérit – et cela ne diminue en rien l’affection que je porte à cette magnifique discipline. En revanche, je profite de ce message pour adresser tous mes remerciements au Docteur Vaillant pour ses soins, sans lesquels je ne serais peut-être plus là aujourd’hui. S’il existait un trophée de cardiologie, je suis convaincu que cet extraordinaire médecin mériterait le "Pacemaker d’Or".

Je désirais te dire avec ces quelques lignes

Bon, là, je sais ce que vous pensez. Vous estimez que le verbe dire est mal choisi vu que je vous écris. Oui mais voilà, "écrire" comporte une syllabe de plus et cela m’aurait donc fait un pied de trop. Du coup, j’aurais dû raccourcir autre chose et écrire "ces quelles lignes", par exemple. Mais la phrase n’aurait plus eu aucun sens. Un moment, j’ai pensé remplacer la fin par "ces beaux vers", mais alors je perdais ma rime avec cristallines, à moins de changer tout le début, si bien qu’au bout d’un moment, je me suis dit que c’était bien comme ça.

Je désirais te dire

Ha non. Ben non, c’est vrai, maintenant que j’y pense, le "te" aurait été élidé et ça n’aurait pas créé un pied excédentaire. Pour le coup, je reconnais que c’est dommage. Le vers s’en serait trouvé plus riche. Néanmoins, je vous assure que l’intention est la même.

Je désirais te dire avec ces quelques lignes
Combien, ô ma poésie

Naturellement, j’emploie ici un possessif dont le but est de marquer ma vive affection mais je n’estime pas être l’heureux possesseur de toute la production poétique du monde. Non, j’estime vitale et essentiel que les belles lettres de nos grandioses auteurs (Verlaine, Baudelaire, Hugo, Johnny Hallyday, etc.) soient partagées et accessibles à tous. Comme le dit le proverbe populaire : Qui a poésie dans son âme possède pour toujours la flamme.

Combien, ô ma poésie, tu fais mon bonheur

Voilà, cher Monsieur Dotoli. C’est un véritable plaisir de partager ce petit bijou avec vous. J’imagine que, malgré votre habitude des jolies rimes, vous devez tout de même être impressionné par mon talent. Mais j’ai su rester modeste, ne vous inquiétez pas. Je vous envoie néanmoins par courrier postal un document attestant de mon droit de propriété intellectuelle sur ce texte. Je vous prierais de bien vouloir me le renvoyer signé avant d’ajouter mon poème dans votre recueil.

Poétiquement vôtre,


Arthur Rienbeau (Bruxelles)

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